Le Pilgrimage
Troisième édition
Le Pilgrimage, c’est devenu une tradition pour nous, notre rendez-vous de l’année. La première édition, c’était aussi la première année de Massacan. On peut dire qu’on a grandi ensemble. Et les gens derrière cet événement, qui nous tient à cœur, sont aujourd’hui des amis : Simon, Cyril, Yorit, Nils, Anne.
Soyons honnêtes : les images sont incroyables, on sourit sur les photos… mais c’est surtout parce qu’on est trop contents d’apercevoir l’équipe média cachée derrière un rocher ou un arbre à nous attendre. Mais le Pilgrimage, c’est dur. Vraiment “challenging” comme ils disent. Comptez au minimum 3500 m de dénivelé positif par jour, pendant 4 jours. Chaque route est exploitée à fond. Et après trois éditions, ils arrivent encore à nous emmener toujours plus haut, jusqu’à des forteresses perchées, vestiges des guerres passées. On n’est jamais vraiment seuls, et on se dit qu’à l’époque, construire ces forteresses là-haut devait être une vraie galère.
On arrive la veille du départ à Puy-Saint-Vincent, camp de base. Déjà trois Massacan sont là : Nicolas et Jorit, deux clients qu’on n’avait encore jamais rencontrés, et Michael, fidèle du Pilgrimage depuis la première édition comme nous. Chris n’est pas loin non plus. Une petite armée de Paula, ça fait plaisir. Après cette aventure, ce ne sont plus des clients mais des copains de route.
Jeudi soir, on retrouve des têtes connues, d’autres habitués qui ne peuvent plus s’en passer. Le dîner, un vrai festin préparé par Anne et son équipe, réunit tout le monde autour de grandes tablées. On se retrouve naturellement entre Massacan, mais on se mélange aussi. Briefing de Simon et Cyril. Puis, pas le choix : réveil à 6h le lendemain, départ 7h.
Jour 1 : déjà costaud
101 km et 3520 m de D+. Objectif : le Fort de la Croix de Bretagne, checkpoint et ravito XXL. J’espérais en secret une fondue préparée par Anne au feu de bois… et oui, impossible d’y résister ! Ça, c’est aussi le Pilgrimage : chaque checkpoint est épique, par son altitude, son histoire, et ses surprises. Mais avant ça, il faut passer le Col de la Pousterle. Son nom viendrait du mot français “poustrelle”, la “petite porte”, car au temps de la peste les routes de vallée étaient fermées. Ce passage discret servait de backdoor, parfois emprunté par Saint Roch lui-même (le pèlerin qui inspira le Pilgrimage). Au sommet, panorama sur la vallée du Fournel. Après une montée technique, on peut se poser un instant au Fort avant de foncer dans la descente. Et là, on était bien contents d’avoir Pianella pour doubler les gravel. Car oui, une vraie question : quel vélo amener au Pilgrimage ? Les chemins sont techniques, de plus en plus cassants, peu de route. Si tu veux faire la course : gravel. Sinon, hardtail ou suspendu. Mais il n’exite pas de vélo parfait !
On a souvent roulé avec Nicolas, propriétaire d’une des toutes premières Paula. Il a terminé les 4 jours avec nous : bonne humeur et blagues à deux balles au programme.
Jour 2 : réveil plus difficile
Objectif : Galibier et vallée de la Clarée par l’ancienne route du Tour de France (à l’époque en pignon fixe). Un classique du Pilgrimage : 136 km et 3140 m de D+. La première année, pluie et brouillard, on n’a même pasvu le sommet. La deuxième année, neige et glace, beaucoup ont renoncé. Je me rappelle qu’on avait trouvé refuge dans un resto d’altitude à moitié fermé, sans eau courante, juste une tarte aux myrtilles pour se réchauffer... La première année, on avait toutes les couvertures sur les épaules… voilà l’ambiance !
Cette fois, soleil et sommet dégagé. Il faisait quand même 0°C au col, mais miracle : première descente sans mourir de froid. Puis direction le col des Rochilles : une partie randonnée/portage sur le GR57 avant le refuge des Drayères, checkpoint et ravito. Moment délicat, mais on se marre entre les rochers. Cyril nous suit en vtt électrique pour prendre des photos épiques et dangereuses...
Enfin, on aperçoit le refuge. Rituel : on troque les chaussures contre des crocs, soupe, saucisson, gâteaux, café chaud. On fait tamponner notre brevet card au coin du feu avant de repartir pour une longue descente vers la vallée de la Clarée. Après quelques cailloux, on file sur le tarmac et les pistes le long de la rivière. Facile, fun, on traverse bois et gués. Un arrêt express chez Thomas, un pote de Nice installé à Val-des-Prés, puis dernière montée de la journée. On retrouve des Pilgrims sur la route, on se tire la bourre, on finit tous ensemble ou presque. Enfin une étape sous le soleil, mais on est cuits.
Jour 3 & 4 : deux jours, 232 km et 7350 m de D+
Une traversée des anciennes zones militaires entre France et Italie. Départ de Briançon par une boulangerie, dernière vraie halte avant Sestrière. Premier col : Gondrand à 2400 m, vestiges de la frontière : forts, bunkers, tours de guet. On bascule en Italie par les vallées calmes du Piémont. L’atmosphère est différente, les randonneurs sont plus chaleureux et les montagnes sont vivantes. On serpente sur les sentiers avant de plonger sur Sestrière. Les jambes tirent, sauf pour Matt qui s’envole. Avec Nico, on survit derrière. Mais la pizza nous attend. À Sestrière, plein d’autres Pilgrims et cyclistes du Torino-Nice. On partage une pizza, des Esta Thé ultrasucrés, puis direction col de l’Assietta.
On coupe au sommet pour arriver à Oulx avant la nuit. Pour la première fois, je ne termine pas l’étape. Un peu triste, mais j’avais tout donné, et envie de profiter de la suite. Descente par les pistes de ski abandonnées, brouillard puis soleil. Finalement, tous à Oulx, même pizzeria généreuse. Puis révisions mécaniques, car demain s’annonce humide…
Et en effet, réveil sous la pluie le lendemain. Message de Simon : premier col fermé, trop dangereux. On rentre en France par le col de l’Échelle par la route, puis option Granon pour les motivés. Mais partir sous la pluie, capuche sur le casque, ça cogite. Au sommet, brouillard. On s’abrite dans un tunnel pour enfiler tout ce qu’on a : doudoune, deuxième paire de gants. Rencontre furtive avec un renard (Scapada peut-être ? ), moment magique. Puis Matt, Jorit et Duncan surgissent pour shooter quelques photos. La descente est longue, glaciale, doigts engourdis. Pas question d’ajouter le Granon, on trace vers Briançon trempés. Petit vote : pas d’arrêt sinon on repart pas. On boucle la boucle par la route, dernière montée jusqu’à Puy-Saint-Vincent. Trempés, rincés, affamés, on arrive à 13h30 après 6 h de pluie. Douche brûlante, puis casse-croûte XXL avant l’apéro. Fromage, charcuterie, pain, biscuits. Michael et Timothé arrivent enfin, premiers à avoir fait le parcours complet. Michael roule en Paula pour la première fois : ils sont crevés mais heureux, photo à l’appuis.
On l’oublie trop facilement : le Pilgrimage, c’est dur. Le parcours est exigeant, aucun jour en dessous de 3500 m de D+, très peu de route. On a fait les deux premières éditions en Paula, mais cette fois Pianella était le bon choix pour tout passer, bien mouliner, et descendre à fond.
Puis cette édition était particulière : on a rencontré Nico et Jorit, devenus des potes d’aventure, retrouvé Michael depuis la première édition, et partagé une deuxième aventure avec Chris.
C’était vraiment chouette.
Credits photos : Yorit Kluitman, Cyril Chermin, Nicolas Hoffschir, Lucie Denis